jeudi 22 janvier 2009

ET MAINTENANT, OU EN SOMMES-NOUS ?

L’ÉCOLE EST ENCORE OCCUPÉE, POURQUOI ?


Parents, savez-vous bien en quoi consistent les changements qui se préparent à l’école ?
Ce texte est peut-être un peu long mais il est facile à lire, ce n’est pas un énième tract, mais un résumé aussi clair que possible de la situation actuelle. Prenez le temps de vous informer, car c’est l’avenir de vos enfants qui en dépend.
Voici les dangers qui nous guettent, pas « peut-être », pas « dans des années », mais aujourd’hui, tout de suite. Ils concernent l’école maternelle, l’école élémentaire, le lycée, l’enseignement universitaire, en résumé, le système de l’Education Nationale dans son ensemble.


LES MESURES AUJOURD’HUI

Les mesures gouvernementales sont progressivement et discrètement mises en place, ces mesures ne sont pas hypothétiques : elles passent sous forme de décrets, d’injonctions, de circulaires ou de notes aux professeurs, institutrices/instituteurs et directrices/directeurs d’établissement qui les appliquent en ce moment.
Par exemple, à l’école maternelle, on a mis en place le système des aides personnalisées, à l’école élémentaire, on procède cette semaine, du 19 au 23 janvier et pour la première fois, aux évaluations des CM2.
Que sont ces évaluations ?
Tandis que les évaluations constituaient jusqu’ici un outil pédagogique, en interne, permettant aux enseignants de réfléchir aux besoins des élèves et à leur propre pédagogie, les « évaluations-bilans » imposées aujourd’hui, sans aucune concertation préalable, par le Ministère, sont conçues comme un examen. Un examen difficile, car les questions portent sur l'ensemble du programme, alors que l’année n’est pas terminée, parce qu’il se déroule en un temps chronométré et que le système de notation (juste ou faux, sans autre nuance) ne favorise pas les bonnes notes.
Les résultats des élèves seront non seulement enregistrés dans leur livret scolaire électronique, en lien avec Base élèves, mais serviront à évaluer les enseignants eux-mêmes et logiquement les établissements : les écoles seront notées, les résultats rendus publics.


LA FIN DE L’ECOLE MATERNELLE

Attention ! Les mesures sont appliquées en ce moment, cela signifie : demain, il n’y aura plus d’école maternelle, les petites sœurs et petits frères ne connaîtront pas la maternelle, car dans deux ans, il n’y aura plus de petite section de maternelle, mais de nouvelles structures pour accueillir les enfants : les « jardins d'éveil ». Ces jardins d’éveil seront payants, leur organisation semblable à celle des crèches actuelles.
Insistons une fois encore sur l’importance de la petite section, non seulement pour les enfants dont la langue maternelle n’est pas le français, mais pour tous les enfants, ainsi que sur la cohérence d’un programme à accomplir en trois ans.
L’école maternelle s’est fixé deux buts afin de préparer l’entrée en CP des enfants : l’apprentissage du langage et l’apprentissage du « vivre ensemble ». Il est primordial que les enfants puissent accomplir ces deux buts à leur rythme. Pour apprendre à lire, il faut d’abord savoir bien parler, et trois ans sont nécessaires pour cela.
Il peut être dangereux de chercher des performances quantifiables, évaluables, notables. Il faut penser à respecter le temps d’épanouissement des enfants et ne pas chercher à ce que l’enfant sache lire avant d’entrer au CP, il est plus important qu’il ait bien intégré la construction, la logique, la syntaxe de la langue française, ce qui n’est déjà pas aisé, afin de préparer l’apprentissage de la lecture.
Le programme de la maternelle a été conçu en respectant le temps de maturation et l’évolution des enfants, par des pédagogues, des spécialistes de la petite enfance, afin de garantir le plus possible leur développement tant d’un point de vue cognitif, psychologique que social.
La remise en question de ces trois ans de maternelle porte atteinte à leur rythme naturel d’apprentissage.



QUELLE ECOLE VOULONS-NOUS POUR NOS ENFANTS ?

Hâtivement, on peut penser que le classement des établissements sera bénéfique, que l’on pourra ainsi choisir l’école que fréquenteront nos enfants, les mettre avec les meilleurs dans les meilleures écoles… Mais pense-t-on aux enfants ainsi ? Un enfant moyen entouré de très bons souffrira de sa place de dernier, même s’il est le dernier des meilleurs. Il faut agir avec précaution, ne pas exercer trop de pression sur les enfants et abandonner un peu la course aux résultats à laquelle on veut nous faire participer.
L’école que le gouvernement nous prépare c’est ça : l’obligation des résultats, l’obligation des bonnes notes, mais tout ne se mesure pas en note, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, il faut penser à l’épanouissement, au bonheur des enfants, aux raisons pour lesquelles nous les avons mis au monde… Est-ce pour qu’ils soient les meilleurs ? Ou est-ce pour qu’ils soient heureux ?


LOGIQUE DE DEMANTÈLEMENT DE L’EDUCATION NATIONALE

M. Darcos n’a jamais employé le mot « réforme », il ne s’agit pas pour lui de refonder le système de l’éducation tel qu’il existe en France, mais d’additionner une série de « mesures » à tous les niveaux, écoles maternelle et élémentaire, lycée et université, qui visent à supprimer le plus possible de postes, afin de faire des économies. Vues des différents niveaux, ces mesures ne semblent pas si graves que ça (excepté le cas des RASED*, qui a fait un peu bruit dans les médias et sur lequel M. Darcos semble avoir reculé*). Mais si l’on s’attache à raccorder toutes les pièces de ce puzzle, on se rend compte de la cohérence du projet Darcos, qui vise à désengager l’Etat de l’Education Nationale, dont les fondements, conçus par la République, vont s’écrouler : le droit à l’éducation, gratuite et pour tous.


NOUVELLE FORME DE LUTTE

L’incohérence des mesures, leur incompatibilité avec les règles pédagogiques élémentaires, le fait que le ministère les envoie au dernier moment et impose de les appliquer, « vous êtes des fonctionnaires et vous devez appliquer les décisions de la hiérarchie », sans concertation, sans discussion possible, tout cela a donné un caractère particulier à la résistance qui prend forme. La lutte présente n’est pas un mouvement corporatiste, de nombreux enseignants y prennent part à titre individuel, en tant que spécialistes de l’instruction des enfants.
Le mouvement de contestation actuel révèle une grande exaspération : les instituteurs qui ont signé des lettres individuelles pour affirmer qu’ils n’appliqueront ni les programmes, ni l’aide individualisée sont plus de 1000. Les pétitions qui ont circulé contre la suppression des RASED* ont recueilli plus de 200 000 signatures.
La force du mouvement vient du fait que nous avons compris que les formes traditionnelles de contestation ne suffisent plus, les parents prennent la relève, s’engagent et soutiennent les enseignants.
C’est ce qui fait notre force, et c’est là que réside notre espoir, mais il faut que nous soyons nombreux ! Parents, informez- vous ! Ce que nous laissons faire est grave, cela concerne l’avenir de nos enfants.


LE BONUS

M. Darcos vient de l’annoncer ce matin, jeudi 22 janvier : il va créer 5000 postes pour intervenir auprès des élèves qui ne vont pas à l’école, comme si c’était la majorité d’entre eux. Toujours plus de contrôle, toujours plus de répression, est-ce cela l’éducation ?

*Les RASED rassemblent des spécialistes (psychologues, éducateurs spécialisés, éducateurs de jeunes enfants, etc). Ce sont des instituteurs qui ont suivi une formation complémentaire (comme des médecins spécialistes par rapport aux généralistes). Ils sont organisés en groupes autonomes, travaillant sur plusieurs écoles et tout au long de l’année scolaire. Ils prennent en charge les enfants qui éprouvent des difficultés d’apprentissage ou comportementales, accomplissent un travail de soutien, d’accompagnement et d’éducation, sur le temps scolaire en accord avec les instituteurs-trices et l’ensemble de la classe.
Depuis la mise en place de ces Réseaux, aucun bilan n’a été fait sur les bénéfices qu’ils ont pu apporter, pourtant 3000 postes vont être supprimés à la rentrée prochaine, puis 3000 à la rentrée 2010 et 3000 en 2011, entraînant leur disparition complète. L’annonce de ne supprimer que 1500 postes intervient après que le budget a été voté à l’Assemblée, par conséquent, si ce ne sont 1500 postes RASED qui sont supprimés, on trouvera ailleurs où supprimer 1500 postes d’enseignants spécialisés.

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